ou-allez-vous-d0rmir-ce-soir

Elle se replie sur elle-même, comme des poupées de chiffons & des petites notes .

Vendredi 23 janvier 2009 à 18:16

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J'écoutais la musique. Je regardais par la fenêtre, le vent qui agitait tout dehors,
les arbres et les feuilles sur le sol. J'étais fascinée, par cette tempête,
ce temps si difficile, toujours entre deux avis, mesquin parfois ...Je regardais cette ambiance,
ce ciel si sombre, ailleurs, bien loin de cet "entre-deux" escaliers où je me trouvais.
Il est arrivé,m'a pris un écouteur, et l'a partagé avec moi, cet instant. Il m'a regardée,
en silence, toujours sans n'avoir prononcé aucun mot. Je me suis tournée à nouveau
vers l'agitation et la folie de cette danse qui mêlait charme et terreur dans chacun de
ses mouvements. A présent, il y avait lui et mon coeur qui battait fort dans ma poitrine.
Et ce temps gris et fouettant qui semblait me narguer au dehors.

Tout le monde commençait à regagner sa classe. Nous étions tous les deux,
j'avais les écouteurs, lui l'appareil. Il l'a éteint. Je lui ai tendu les fils sans le quitter des yeux.
Il a baissé les siens, enroulé soigneusement les fils. Je l'observais de si près
pour la première fois. Quelques poils de barbe qui commençaient à refaire surface,
ses yeux noisettes ourlés de longs cils noirs et courbés. Sa moue boudeuse, sa bouche charnue.
Il a levé la tête vers moi. Je n'avais pas bougé. J'avais mes grands yeux verts perdus
parmis ces infimes détails de lui. Je l'aurais embrassé. Je l'aurais vraiment fait. Mais je suis partie.
A cause de cet orgueil, de ma fierté, de tous mes rêves, qui veulent que ce soit lui.
Lui qui me prenne, s'approche près de moi en un murmure. Lui qui me tire, pense à moi malgré tout, 
s'en rende malade mais revienne quand même. Je ne me suis pas retournée, je suis partie c'est tout.

Non, ne dites rien. Je sais.

Echappé tout droit de ou-allez-vous-d0rmir-ce-soir

Jeudi 15 janvier 2009 à 20:25

J'ai l'impression de ne pas le comprendre.
Je cherche dans ses yeux une réponse, je fouille.
Il l'a dit pourtant . Non, que fait-il ?A quoi joue-t-il ?
Je ne sais pas vraiment où je vais.
Mais je vois cet immense mur au bout de mon chemin...
Je ne ralentis pas .

J'arrivais en retard, j'étais hors d'haleine, décoiffée et frigorifiée, quand je l'ai vu.
J'ai levé la tête, et mes yeux ont rencontré les siens. Je me suis détournée. 
Parce que son regard perçant, ourlé de ses longs cils noirs, m'a fait fléchir.
Je ne suis plus forte du tout lorsque je suis en face de lui. Nous étions seuls.
Je lui ai souri, et il m'a dérouté, comme chaque fois. Comme tout le temps.
Comme à cette soirée, où nous étions si proches l'un de l'autres, où nos corps se
frôlaient, créant une décharge à chacun de leurs contacts, attirés l'un vers l'autre comme
deux aimants magnétiques. Ce prélude de nuit où je ne le quittais pas des yeux, et où
il me déshabillait d'un simple regard ... Comme encore cet instant dans l'obscurité où
le silence semblait signifier bien plus que n'importe quel mot ... Ces images, ces éternités
minimes, défilent dans ma tête. Et puis ce message il y a deux soirs, tellement plus
confus que les autres. Des questions, et une envie de lui crier au visage d'arrêter,
opposé modestement à ce désir qu'il ne cesse pas, car je ne le veux pas, au fond.
Alors, dans cet entre silencieux, mon regard le fuit puis le cherche.
Et dans ce couloir, avec lui, je serai restée une éternité.

Il se trouve, messieurs dames, qu'il est omniprésent dans ma vie.


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Echappé tout droit de ou-allez-vous-d0rmir-ce-soir

Samedi 10 janvier 2009 à 22:46

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Ca y'est, la sonnerie annonce enfin la fin des cours. Je range mes affaires, et sors, 
au milieu d'un courrant d'air qui soulève mes cheveux, les bouscule, les emmêle.
Je fais une partie de chemin avec Elle, et quand nous nous quittons, au feu tricolore,
je me retrouve seule, durant ces dix minutes quotidiennes que consititue mon
trajet jusqu'à la gare.
Le vent souffle, brûle mes joues rosies par ce froid paralysant. Je marche, au milieu des
gens flous, auxquels je ne prête aucune attention.Je vois ces deux filles rire, les yeux pétillants,
heureuses. Et quant à moi ? Je me bats pour sentir la vie, j'ai cette douleur au ventre en permanence,
les larmes qui menacent de couler pour laisser place à de réels sanglots.
Et pourtant je ne suis pas triste. Ou si ? Je ne ressens plus rien. Je ne sais même plus dire si je
le suis, heureuse. En a-t-il toujours été ainsi ? Je me rappelle de mes années collèges,
où je pétillais et avais bien moins d'ambition. Je me rappelle de crises de rire où
je me roulais par terre, sans jamais pouvoir me relever. Je me mettais parfois à courir,
sans nulle retenue, et probablement sans aucune allure; je me souviens alors du rythme
de mon existence, entraînant, et même parfois difficile à suivre par son trop plein de vivacité ...
Je vois les aiguilles de ma montre qui tourne, sans que je ne puisse les arrêter.
Et ma vie me file entre les doigts. Et je regrette chaque instant qui se termine...



Mais je suis en train de perdre pied,
je vous en prie  ramenez moi à la surface.

 
 
 
Il a couru derrière moi, m'a rattrapée et m'a demandé comment j'allais.
Et dans ce monde que je touche juste du doigt, il n'y avait que lui.

Echappé tout droit de ou-allez-vous-d0rmir-ce-soir

Mercredi 7 janvier 2009 à 18:16

Au loin, le son du réveil qui s'accentue de plus en plus. J'ouvre les
paupières, doucement. Me voila dans la réalité. Il est 06h05.
Lorsque j'ouvre les contre-vents, c'est blanc partout. Suis-je bête à
m'extasier ainsi devant ce manteau trompeur qui me rendra malade ?
Au lycée, j'ai mon propre manteau, blanc aussi, comme pour faire la paire.
J'ai le nez rouge, et mes yeux verts paraissent translucides.
Je n'aime clairement pas.
Je m'écarte du groupe, et, appuyée à la barrière, je regarde ces multitudes
de flocons qui dégringolent, qui sont fous, qui jouent. Ils ont cet étrange
entrain et ce rythme particulier et entraînant  parce que leur existence est courte,
et qu'ils le savent. L'instant d'après, ils fondent sur le ciment mouillé. Je ne les ai
pas lâchés des yeux. Quand je tourne la tête, il me regarde avec ce sourire en coin.
Parce que je l'attendris. J'aime quand il me regarde comme cela. Je me retourne,
et me reconcentre sur cet horizon laiteux. Il ne le sait pas, mais je le cerne à m'observer,
pendant que je m'extasie devant cette neige folle.Oui, j'aime quand il me regarde ainsi.
Lorsque je me tourne à nouveau, il m'étudie toujours, je lui échappe ? Je lui souris, lui aussi.
Et je me bousille le coeur. Je la sens, cette déchirure. Son regard m'écrase, me tue et me
consumme. Je saisis ce dernier moment de défaillance, et je me tourne, définitivement.
J'espère peut-être qu'il me contourne, pour me faire face. Mais il n'en fait rien.
L'instant d'après, il ne m'est plus. 

Moi, j'avais envie de courir nue dans la neige, juste pour voir.


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Echappé tout droit de ou-allez-vous-d0rmir-ce-soir

Dimanche 4 janvier 2009 à 18:18


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Non. Ne me demandez pas.
Moi non plus je n'sais pas où je vais.
Moi aussi, je dirais d'une autre "Pauvre fille, qu'espère-t-elle?"
Mais je suis cette pauvre fille.
Et je vais vous le dire, là, j'espère juste qu'il frappe à ma porte,
qu'il m'envoie un message, qu'il me dise "Mince, J, viens quoi". 
J'espère qu'il lâche tout, qu'il me prenne la main, me dise "allez, on court !",
j'espère qu'on finisse par terre, sur le ciment froid, dans la nuit, essouflés et
drogués à l'oxygène, en souriant, seuls. J'espère qu'il me regarde, me désire, 
                                                et se morde les doigts de ne pas pouvoir me toucher.                                                            
Je veux qu'il soit mal autant que je le suis quand je le vois avec elle.
Je veux qu'il ne s'endorme pas avant tard dans la nuit parcequ'il
songe trop à mon visage, à mes yeux, et à mes gestes.
Je veux qu'il me prenne, me force à regarder son visage, si
près de moi que je sois prête à défaillir, et qu'il me demande,
non, qu'il m'ordonne de ne pas l'oublier.
 
Je suis naïve, malsaine, et bien trop passionnée.
C'est , d'une façon tragique, l'histoire de ma vie.                
                                                                                                                                                                    
 

Echappé tout droit de ou-allez-vous-d0rmir-ce-soir

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